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vivrelalitterature

révisions du cours de français lycée

la poésie

Publié le 19 Février 2015 par JC

La poésie est un genre littéraire qui se caractérise par la tension entre la forme et le fond. Elle obéit à des règles de versification précises, et joue sur la sonorité des mots.

ILes caractéristiques formelles de la poésie

ALa forme versifiée

1La strophe

La strophe est un ensemble défini de vers. Elle se matérialise par un espace blanc avant et après elle.

Il existe plusieurs formes de strophes :

  • Le tercet, qui est une strophe constituée de trois vers.

  • Le quatrain, qui est une strophe constituée de quatre vers.

  • Le sizain, qui est une strophe constituée de six vers.

2La rime

La rime désigne un son qui se répète à la fin de chaque vers.

La rime se définit par sa qualité : elle peut être pauvre, suffisante ou riche.
Les rimes se définissent également par leur disposition dans le poème : elles peuvent être suivies, croisées ou embrassées.

Une rime pauvre est une rime dans laquelle les deux fins de vers n'ont qu'un seul son en commun.

Le mot « vent » et le mot « temps » forment une rime pauvre.

Une rime suffisante est une rime dans laquelle les deux fins de vers ont deux sons en commun.

Le terme « surprenant » et le terme « emmenant » forment une rime suffisante.

Une rime riche est une rime dans laquelle les deux fins de vers ont trois sons ou plus en commun.

Le terme « effilé » et le terme « défilé » forment une rime riche.

Les rimes suivies (ou rimes plates) sont des rimes qui se suivent par groupe de deux dans le poème, en suivant le schéma AABB.

Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse
N'est point le fruit tardif d'une lente vieillesse,
Et qui seul, sans ministre, à l'exemple des dieux,
Soutiens tout par toi-même, et vois tout par tes yeux

Epitre au roi, Boileau, 1669

Des rimes croisées sont des rimes alternées par groupe de deux en suivant le schéma ABAB.

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picots par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Sensation, Arthur Rimbaud, 1870

Des rimes embrassées sont des rimes encadrées par la même rime, en suivant le schéma ABBA.

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

Les yeux d'Elsa, Louis Aragon, 1942

3La versification

On distingue plusieurs formes de vers, en fonction du nombre de syllabes ou pieds.

  • L'alexandrin, composé de douze pieds

  • Le décasyllabe, composé de dix pieds

  • L'octosyllabe, composé de huit pieds.

Le poème « Notre vie » de Paul Eluard, qui commence par « Notre vie tu l'as fait elle est ensevelie » est écrit en alexandrins.

Le poème « Cimetière Marins » de Paul Valéry est composé de décasyllabes et commence ainsi : « Ce toit tranquille, où marchent des colombes ».

« Mignonne allons voir si la rose » est un poème qui provient des Odes de Ronsard écrit en octosyllabes.

Lorsque l'on compte les syllabes, on ne compte pas les « e » muets, c'est à dire ceux qui sont en fin de vers.
La diérèse sert à distinguer deux voyelles qui se suivent et en faire deux syllabes (ia devient i-a).
La synérèse, à l'inverse, sert à considérer que deux voyelles qui se suivent forment une seule syllabe.

Les règles de versification passent aussi par l'accentuation :

  • Les octosyllabes ont une accentuation fixe, qui se place sur la dernière syllabe.

  • Les vers complexes (plus de huit syllabes) ont deux autres accentuations : la césure et l'accent flottant.

La césure (notée //) est l'accent qui se trouve juste après la syllabe qui est à la moitié du vers. Elle partage le vers en deux hémistiches.

L'accent flottant (noté /) est l'accent qui se trouve sur la dernière syllabe prononcée.

BLes formes fixes

1La ballade

La ballade est un poème à forme fixe datant du moyen âge. Elle est composée de trois strophes suivies d'un envoi. L'envoi est souvent adressé au prince ou au roi. A chaque fin de strophe, on retrouve le même vers, appelé refrain. On distingue la grande ballade de la petite ballade.

Une grande ballade est une balade composée de trois dizains de décasyllabes et d'un quintile de décasyllabes (l'envoi).

La ballade des pendus, poème de François Villon, est une grande ballade.

Une petite ballade est une ballade composée de trois huitains de d'octosyllabes et d'un quatrain d'octosyllabes (l'envoi).

La ballade de s'amie bien belle, poème de Clément Marot, est une petite ballade.

2Le rondeau

Le rondeau est une forme fixe datant du Moyen-Âge. Il est composé de trois strophes d'octosyllabes ou de décasyllabes. Il n'y a que deux rimes dans tout le poème et on y trouve un refrain.

Mort, j'appelle de ta rigueur est un rondeau de François Villon.

3Le sonnet

Le sonnet est très utilisé par les poètes de la Renaissance, puis mis de coté au XVIIIe siècle et redécouvert par les poètes romantiques du XIXe siècle.

Le sonnet est un poème à forme fixe introduit en France au XIIe siècle par Pétraque. Il est composé de deux quatrains et de deux tercets. On distingue le sonnet français du sonnet italien.

Le sonnet français est un sonnet dont les rimes des deux tercets suivent le schéma CCDEDE.

Les sonnets pour Hélène, recueil de Ronsard publié en 1578, est composé de sonnets français.

Le sonnet italien est un sonnet dont les rimes des deux tercets suivent le schéma CCDDEE.

Heureux qui comme Ulysse, poème de Joachim du Bellay est un sonnet italien.

Le sonnet est une forme très contraignante, c'est pourquoi il est très apprécié des esthètes.

Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème.

Art poétique, Boileau, 1674

IIL'histoire et les fonctions de la poésie

AL'histoire littéraire de la poésie

1Les origines de la poésie

Aux origines, en particulier dans la Grèce antique, la poésie était chantée. Cela provient du mythe d'Orphée, qui chantait la poésie avec sa lyre. Par ailleurs, sa forme n'était pas fixe, mais pouvait être longue.

Aux origines de la poésie, les poètes respectent certains codes :

  • L'utilisation d'un style épique, qui narre les aventures de personnages exceptionnels.

  • Une poésie très musicale et bien réglée.

L'Odyssée d'Homère (VIIIe siècle avant J.-C.) est considéré comme le premier poème. Il était chanté.

Dis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps, après qu'il eut renversé la citadelle sacrée de Troie. Et il vit les cités de peuples nombreux, et il connut leur esprit ; et, dans son cœur, il endura beaucoup de maux, sur la mer, pour sa propre vie et le retour de ses compagnons.

L'Odyssée, Homère, VIIIe siècle av. J.-C.

2La formation des arts poétiques

Au Moyen-Âge, la poésie est récitée par les troubadours. Elle est adressée au roi ou bien à la femme aimée. Ce dernier thème est propre aux poètes de la Pléiade, qui ont théorisé certains éléments de la poésie française. Leur influence se ressent dans toute l'histoire de la poésie.

La formation des arts poétiques suit quelques principes précis :

  • L'élargissement de la diffusion de la poésie grâce à l'usage du français.

  • L'utilisation de formes fixes comme le rondeau ou la ballade.

Joachim du Bellay, dans la Défense et illustration de la langue Française (1549), défend l'usage de la langue vulgaire en poésie, à la place du latin.

Je n'estime pourtant [pas] notre vulgaire, tel qu'il est maintenant, être si vil et abject, comme le font ces ambitieux admirateurs des langues grecque et latine. [...] Et qui voudra de bien près y regarder, trouvera que notre langue française n'est [pas] si pauvre qu'elle ne puisse rendre fidèlement ce qu'elle emprunte des autres.

Défense et illustration de la langue Française, Joachim du Bellay, 1549

3La libération du vers

Après la fixation des formes, on remarque une certaine libération des vers : les poètes ne respectent plus l'accentuation et la prosodie classique. Cette libération se donne à voir comme une réaction aux courants formalistes qui ont précédé.

Cette libération des vers revendique :

  • Une poésie nouvelle, marquée par le sceau de la modernité

  • Une plus grande liberté poétique, qui attire le lecteur vers la sonorité du mot et non plus vers la régularité des vers

Dans Alcools (1913), recueil de Guillaume Apollinaire, le poète ne respecte pas la prosodie classique. Il ne respecte même pas la grammaire puisque tout le recueil est dénué de ponctuation.

A la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation

Alcools, « Zone », Guillaume Apollinaire, 1913

BLes fonctions de la poésie

1La poésie lyrique

La poésie lyrique provient du mythe d'Orphée, que l'on disait toujours muni de sa lyre, instrument de musique harmonieux. Longtemps chantée (notamment par les trouvères et les troubadours du Moyen-Âge), on en retrouve la dimension musicale dans les nombreuses assonances et allitérations.

La poésie lyrique est un genre de poésie qui développe les sentiments du poète. Elle a pour caractéristiques l'omni présence du « je » ou du « tu ».
Les poèmes lyriques ont parfois une dimension autobiographique. Le poète y déplore souvent un objet perdu.

Les méditations poétiques, recueil de Lamartine, est composé de poèmes lyriques.

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

L'isolement in Méditations poétiques, Lamartine, 1831

2La poésie engagée et la poésie didactique

La poésie engagée désigne les poèmes qui expriment des prises de position claires. Il s'agit de mettre l'art au service d'une cause. Cet engagement peut être politique, moral ou esthétique.

Dans Les tragiques, recueil de 1616, Agrippa d'Aubigné dénonce les horreurs des guerres de religions en France.

Je veux peindre la France, une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage

Les tragiques, Agrippa d'Aubigné, 1616

La poésie didactique entend donner un enseignement au lecteur. L'auteur utilise la forme plaisante de la forme pour rendre son message plus percutant. L'enseignement peut être d'ordre moral, scientifique ou esthétique.

Dans ses Fables, Jean de la Fontaine délivre des messages de morale grâce à la transposition dans le monde des animaux.

Le Renard s'en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute

Fables, « Le corbeau et le renard », Jean de la Fontaine, 1668

3La poésie esthétique

La poésie esthétique est une forme de poésie qui privilégie la forme sur le fond. Il s'agit de faire de la poésie un véritable objet d'art.

Le courant des parnassiens, qui a pour chef de file Théophile Gautier, défend l'importance de l'esthétisme, en théorisant la poésie dans de nombreux arts poétiques.

Sculpte, lime, cisèle
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !

L'art, Théophile Gautier, 1868

Parfois même, les poètes préfèrent la forme à la signification du poème, et n'hésitent pas à y introduire des mots rares, qui mettent en péril le sens des phrases.

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore)

Ses purs ongles très hauts, Mallarmé, 1887

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